LE TITRE DE PSYCHOTHERAPEUTE ET REGULATION DES ENSEIGNEMENTS
En France le psychothérapeute se voit reconnu comme un acteur social en activité libérale tant qu’il remplit ses obligations de paiement des charges fiscales et sociales. Par cette reconnaissance administrative, il trouve un cautionnement à son droit de pratique. Les associations et écoles privées de formation à la psychothérapie se déploient à partir de cette même modalité. La société accepte et utilise les deniers de cette activité, ce qui est en soit un critère de légitimité. Il y a confrontation de deux références, de deux ordres, qui permet le développement d’un réseau professionnel non médical et non universitaire. La première référence est l’acceptation sociale de l’existence des psychothérapeutes en tant que cotisants légaux. La seconde référence repose sur une polémique entre différentes catégories professionnelles revendiquant le titre et l’appropriation définitive du statut et de la fonction.
Michel Foucault nous apporte éventuellement un éclairage qui, transposé et étendu à notre sujet, peut nous permettre de comprendre comment se fonde l’appropriation des statuts professionnels dans les interactions réciproques autour d’une même pratique. Dans la représentation de Foucault, le savoir ne constitue pas la validité d’une pratique professionnelle mais sous-tend l’accession à la position de dominant en rendant légitime la détention du pouvoir. Michel Foucault développe son étude notamment autour du rapport entre savoir et pouvoir dans la médicalisation de la folie :
« On croit que Pinel et Tucke ont ouvert l’asile à la connaissance médicale. Ils n’ont pas introduit une science, mais un personnage dont les pouvoirs n’empruntaient à ce savoir que leur déguisement ou, tout au plus, leur justification… ». (Foucault). Ce pouvoir est souvent vécu comme totalitaire ou excessif provoquant chez les professionnels exerçant auprès des médecins (infirmières, éducateurs spécialisés, autres paramédicaux etc… des conduites réactionnelles.
La réaction a pour finalité de stimuler la croyance ou l’expérience que le pouvoir est une attitude illégitime. Même en dehors de toute déviance, cette croyance, cette réaction a fait naître une forme de déterminisme : « lutter contre l’illégitimité », contre la trop grande prégnance de la médicalisation, donc lutter contre ce pouvoir premier en créant un autre pouvoir donc un autre savoir. Dans cette réactivité à la trop grande « psychiatrisation » du mal-être phycologique, des personnes de différents milieux, de différentes origines professionnels ont décidé de se constituer un nouveau savoir, s’appropriant ainsi un nouveau pouvoir.
Il y a donc création d’un autre corps, se disant d’emblée professionnel même si celui-ci doit s’installer, durant un temps, en marge du collectif. Nous retrouvons ce même phénomène auprès des chiropracteurs, ostéopathes, acupuncteurs… Nous pouvons faire l’hypothèse que les premiers psychothérapeutes sont nés de cette croyance socialement véhiculée que le savoir est pouvoir….