D’où vient l’isolement et le malaise au travail : Comment blesser l’autre ?
Le harcèlement est une pathologique de la solitude. On vise en priorité les personnes isolées. Celles qui ont des alliés ou des amis en sont éloignées.
Les mères élevant seules leurs enfants, les travailleurs en situation précaire qui ont, plus que d’autres, la crainte de perdre leur emploi, mais qui ne sont pas dans un réseau de solidarité, sont des proies faciles.
Déjà, dans le cadre du programme d’action concernant les droits sociaux fondamentaux, le Parement européen avait signalé que certains groupes spécifiques étaient plus particulièrement vulnérables au harcèlement sexuel : ainsi les femmes divorcés et séparées, les nouvelles arrivées sur le marché du travail et celles dont les contrats d’emploi ne sont pas en règle, ou qui ont un statut précaire, les femmes ayant un handicap, les femmes employées à des tâches non traditionnelles, les lesbiennes et les femmes issues de minorité raciales courent un risque nettement plus grand. Les homosexuels et les hommes jeunes présentent également une certaine vulnérabilité face au harcèlement.
Pour progresser sans encombre dans un grand groupe ou dans une grande administration, il faut savoir faire les bonnes alliances au bon moment. A une époque où on note un individualisme de plus en plus grand des salariés, avec un éclatement des collectifs de travail, on constate paradoxalement une importance accrus des réseaux. Cela signifie qu’il ne faut pas avoir d’ennuis avec sa hiérarchie et aussi ne pas faire de vagues ni se différencier du groupe.
Si la personne garde des amitiés au travail, on fait en sorte de l’isoler, de la mettre dans une sorte d’exil intérieur. C’est l’agresseur, surtout quand il ‘agit d’un supérieur hiérarchique, qui fixe seul les règles de communication : on ne doit pas parler au salarié ciblé, on doit faire en sorte qu’il n’ait pas les informations etc. Cela est aggravé dans les systèmes très hiérarchisés où il n’est pas question d’aller parler au directeur à l’échelon au-dessus.
L’agresseur isole la personne ciblée pur qu’elle ne puisse pas se plaindre à d’autres et éventuellement être soutenue. D’ailleurs, passé un certain temps de harcèlement, celle-ci n’ose plus aller vers les autres car elle craint d’être rejetée.
Les pervers narcissiques entraînent les membres du groupe les plus dociles, les « moutons » contre la personne isolée. Le silence s’étend aux collègues, même s’ils ne veulent pas prendre parti. Chez eux, il ne s’agit pas au départ d’un silence hostile mais d’un silence gêné. La victime réagit à ce silence-là comme s’il s’agissait d’un silence hostile. Le processus devient alors circulaire, car par sa réaction, elle entraîne l’hostilité de témoins qui pouvaient être neutres au départ. Le silence des autres peut être interprété de différentes manières : il se peut que le message hostile ne leur étant pas destiné, ne soit pas perçu, il se peut aussi qu’il y ait de leur part déni de ce trop-plein de violence parce que c’est tout simplement inimaginable. Et, comme on l’a vu, par peur ou par cynisme, on peut préférer consciemment « ne pas s’en mêler »
Extrait du livre p.41 en vente ici sur ce blog MALAISE DANS LE TRAVAIL
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