LA REINE DES ANGES
EXTRAIT de : ENQUETE SUR LES ANGES
L’ange est pur esprit. Et cette spiritualité lui donne, sur toutes les autres créatures, une supériorité évidente. Par la nature, nul homme, nulle femme, ne peut même tenter de rivaliser avec le dernier esprit du dernier chœur. Le plus grand saint demeure un enfant devant la puissance de l’intelligence angélique. Il n’est pas jusqu’aux démons, en dépit de la corruption irréparable de leurs facultés, qui ne soient plus forts par tout leur être, que l’humanité quand elle est réduite à ses propres forces. C’est précisément cette supériorité naturelle dont il avait soudainement pris conscience qui justifia aux yeux d e Lucifer sa révolte. Il n’adorerait pas Dieu dans son Incarnation, et encore moins la Femme que le Créateur voulait appeler Sa mère. Le Prince des Séraphins ne pouvait ni adorer ni servir ce qui lui était inférieur.
Il en va fatalement de même pour Sa mère, Femme véritable, et non esprit revêtu d’une apparence humaine et féminine, Marie est par nature inférieure au monde des esprits ; et cependant, elle en est la Reine. L’Eglise, dès le concile de Nicée, en 325, affirma que Notre Dame, après son Assomption, avait été élevée au-dessus de tous les esprits bienheureux et qu’elle régnait désormais sur eux. Très vite, les Litanies l’honorèrent sous le titre de Regina Angelorum.
Reine des anges et cependant leur inférieure par sa nature humaine…. Comment était-il possible de résoudre ce paradoxe ? A cette question, les théologiens répondent : par la grâce et par la prédestination.
Certes, les anges, eux aussi, restés fidèles dans l’épreuve, ont été confirmés en grâce, ne peuvent absolument plus la perdre et sont exempts de tout péché ils jouissent de surcroît de la vision béatifique. Cette constante vision de Dieu, Marie ne l’a pas eue sur cette terre. Mais en Marie, la pureté est devenue sainte horreur du péché ; elle en saisit l’abomination à un degré tel qu’il ne peut être dépassé que par le sentiment qu’en a Dieu lui-même dans la plénitude de sa justice. Cette pureté extrême, aucun ange n’est capable de s’y égaler. Non seulement la Vierge est la plus pure des créatures, mais elle est aussi la plus vertueuse, car nul n’aime autant qu’elle l’absolue perfection, c’est à dire Dieu. Elle était donc parfaitement digne de porter le créateur de toute créature, d’enfanter, d’élever et de nourrir celui devant que les Séraphins se prosternent en se voilant la face. Elle seule pouvait bercer dans ses bras le Dieu qui soutient l’Univers. Par sa nature, il est certain que Marie n’est qu’une créature, et inférieures aux anges ; mais elle est la mère de Dieu. Et, selon le mot de saint Thomas d’Aquin : Mater Domini Domina est.
Avoir été pareillement comblée de grâce la rendait capable d’être élevée au Ciel à un degré de gloire infiniment supérieur même à celui de Saint Michel, le plus sublime des esprit bienheureux. La liturgie de la fête de l’Assomption le proclame :
Exaltata est sancia Dei Genitrix / Super choros Angelorum ad caelestia regna.
Christum, cum hunc venerat / Quo mater susceperat, / Non est venter purior.
In quo, dum hinc revocat, / Matttrem Christus collocat / Thromus non est celsior.
Ce dépouillement volontaire, et le grand silence qui entoure la personne de Marie dans les Evangiles, ne manquèrent pas de troubler certains fidèles qui, les uns par piété les autres par curiosité, regrettaient de ne pas en savoir davantage sur Elle. L’un des buts des textes apocryphes fut de répondre à ces interrogations laissées sans réponse par les livres canoniques.
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