LA MAISON DE PAPIER
- Editeur : Bibliothèque du temps présent
- Date de parution : 1975
- Genre : Grands auteurs
- 252 pages
MOT de l’EDITEUR
Le foyer de cette famille d’artistes est une vraie « maison de papier » ; chacun peut y entrer à sa guise.Le mari est peintre, la femme est écrivain. Ils ont deux garçons et deux filles. On rencontre chez eux des amis, des voisins, des inconnus, des « employées de maison »… Ce sont les enfants qui tiennent cependant la première place, et le permanent dialogue qu’ils entretiennent avec leur mère est pour elle un moyen de préciser ses idées sur tous les problèmes de la vie. « Faire une famille, dit-elle, c’est faire une œuvre. » Celle-ci, variée, surprenante et toujours concrète, apparaît comme un univers en réduction, où chacun se retrouve en pays connu, dans une atmosphère de chaleur vraie, de tendresse et d’humour. C’est que Françoise Mallet-Joris a le don de préserver le frémissement de ses émotions aussi bien que l’ironie du regard critique qu’elle pose sur ses proches et ses semblables, avec un talent d’une rare fidélité au naturel de la vie
Un mot sur l’auteur : Françoise Mallet Joris
Françoise Mallet-Joris, née Françoise Lilar le 6 juillet 1930 à Anvers (Belgique), est une femme de lettres belge, écrivain de renom et membre de l’Académie Goncourt depuis 1971.
Fille du ministre Albert Lilar et de l’écrivain Suzanne Lilar, Françoise Lilar publie à 16 ans sous ce nom sa première œuvre Poème du dimanche. Elle ne peut publier sous son nom à 19 ans un « roman sulfureux » Le Rempart des Béguines et choisit le pseudonyme de Mallet, puis en 1950 y ajoute Joris pour conserver une assonance belge. Elle possède la double nationalité belge et française. Elle se maria par la suite avec Robert Amadou, Alain Joxe et Jacques Delfau. Elle a quatre enfants, Daniel Amadou et Vincent, Alberte et Pauline Delfau. Elle s’est fait connaître avec son roman Le Rempart des Béguines qui évoquait une histoire d’amour lesbienne entre une jeune fille et la maîtresse de son père. L’ouvrage fut adapté au cinéma en 1972 par le réalisateur Guy Casaril avec lequel elle travailla au scénario.
Elle a été également parolière de la chanteuse Marie-Paule Belle.
Membre du comité du Prix Femina de 1969 à 1971, elle a été élue à l’unanimité à l’Académie Goncourt en novembre 1971.
En 1993, Françoise Mallet-Joris devient membre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises (Belgique), où elle occupe le fauteuil de sa mère Suzanne Lilar, décédée un an plus tôt.
RESUME du livre :
Le livre s’ouvre sur une discussion entre Vincent et elle, et se ferme sur une discussion entre elle et trois de ses enfants. Les enfants posent des questions amusantes ou pertinentes, des questions qui nous font réfléchir. Ils exposent leur vision des choses qui font sourire, ou qui nous rendent admiratifs.
D’autres fois, la narratrice évoque un jour de vacances, avec les enfants qui mettent une joyeuse pagaille dans la maison…
EXTRAIT DU LIVRE – LA MAISON DE PAPIER
Je me lève vers huit heures trente pour faire le café, décidée à passer ce dimanche dans l’ordre et la discipline. Je fais ma toilette et je m’habille. Voir les choses d’un peu haut, ne pas me laisser engluer. Je réveille les enfants de vive force. Protestations. Je sors le chien. Petit déjeuner en tenues diverses. Daniel, torse nu, joue de la guitare sur un coin du lit, sur lequel je pose le plateau. Le chien bondit pour réveiller Jacques. Les deux chats suivent, majestueux, et s’installent à proximité des croissants. Il n’y a plus de sucre.
Le merle siffle à forte intensité. Le chant de Daniel l’importune. Pauline a enfilé au hasard un slip trop grand (appartient-il à Dani ? à Jacques ?) qui lui tombe jusqu’aux genoux, avec une belle braguette bien visible et émet la prétention de se rendre à l’église dans cet appareil. Je demande aux enfants de faire leur lit (première sommation dont je n’attends pas, à vrai dire, grand effet). Refus motivé : ils préfèrent répéter d’abord une pièce que nous préparons pour Noël « parce qu’après on ne le fera plus. Tandis que le lit… ». J’ai mes doutes là-dessus. On répète. Jacques refuse de se lever. Il a un tour de reins (?). Il gardera Juanito que Dolores nous a confié pour sa « petite java » hebdomadaire, et qui traîne sur le tapis. A dix heures dix on décide tout à coup de courir à l’église. Impossible de trouver ma botte gauche : Juanito l’a fait disparaître. Vincent a un énorme trou dans sa chaussure, très visible.
- Mets tes baskets.
- Je ne peux pas, Juanito les a jetés dans l’eau du bain…
Elles y sont toujours. Je les retire, les mets à sécher. Vincent part pour l’église avec sa chaussette apparente, j’ai enfilé en hâte une autre paire de bottes, qui serrent mon pantalon et me donnent l’air de descendre de cheval. Les petites suivent, mal peignées ; à l’église, Pauline s’agite sans arrêt.
- J’aime pas l’église ! dit-elle.
- Tu n’es pas obligée d’y aller, à ton âge, répond Alberte.
- J’aime pas l’église, mais j’aime Dieu, répond cette hérétique précoce.
Prix de vente : 12,00 €uros frais de port compris
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