LE LIVRE NOIR DE LA PSYCHANALYSE
EXTRAIT DU LIVRE :
Les psychanalystes se plaisent à souligner le caractère révolutionnaire de leur doctrine. Freud n’écrivait-il pas : « Il n’est rien dans la structure de l’homme qui le prédispose à s’occuper de psychanalyse »1 ? Comment dès lors expliquer que le langage freudien soit devenu, au fil du XXe siècle, « la » référence de tout un chacun pour parler des conflits intérieurs, conjugaux, pédagogiques, voire sociaux ? Aujourd’hui, on parle de « l’Œdipe du petit » ou de « la pulsion de mort » d’un collègue, comme on aurait autrefois invoqué un proverbe ou une croyance populaire. En fait, les idées psychanalytiques qui font aujourd’hui partie du sens commun ne sont ni choquantes ni spécifiquement freudiennes. En revanche, les conceptions les plus « révolutionnaires » de la psychanalyse demeurent assez confidentielles. Du reste, les psychanalystes déplorent que les idées répandues dans le grand public soient une version abâtardie de la doctrine du Père-fondateur. Serge Leclaire écrit : « La chose freudienne a été domestiquée, ajustée, stérilisée, rangée en de trop justes places: elle est psychologique, biologique, médicale et psychiatrique, littéraire, sociologique, philosophique, religieuse, morale, métaphysique, pataphysique. Les adaptateurs triomphent et se répandent. Mais Freud nous a montré la voie de l’intransigeance »
Dans son livre, qu’il ne destine pas au grand public, Leclaire parle de la « vraie » psychanalyse, celle qui n’est pas « domestiquée » ni « adaptée ». Un exemple, le célèbre psychanalyste parisien rapporte comme suit un entretien avec Françoise Dolto : « Je lui dis mon intention d’entreprendre une analyse didactique, et alors que nous parlions d’un intérêt commun pour la tradition hindoue qui m’a toujours paru si riche et attachante, je m’entendis faire cette réponse : “L’attrait que vous éprouvez pour la culture et la mystique hindoues correspond à un caractère anal, de toute évidence, c’est très typique” »3. Ce que disait là Françoise Dolto, sans l’ombre d’une réserve, est typique de ce qui s’entend dans les conversations entre freudiens, s’enseigne dans les associations de psychanalyse et s’écrit dans les revues spécialisées ou confidentielles. Ce discours d’initiés est très différent de celui qui s’adresse au grand public, par l’intermédiaire des ouvrages de vulgarisation et des médias. Très peu de psychanalystes agissent comme Lacan qui, au sommet de sa gloire, se permettait de dire tout haut ce qui se murmure parfois entre initiés : « Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué. [...] Du point de vue éthique, c’est intenable, notre profession ; c’est bien d’ailleurs pour ça que j’en suis malade, parce que j’ai un surmoi comme tout le monde. [...] Il s’agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu’il a raté son coup. C’est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s’en foutra de la psychanalyse »4. La plupart des psychanalystes, à commencer par Freud, pratiquent le double discours. Une grande partie de la population ignore qu’il y a deux formes de psychanalyse : la psychanalyse « populaire », constituée principalement d’idées de bon sens traduites en vocabulaire freudien, et la forme »“intransigeante », réservée aux initiés.
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