24 avril 2015 ~ 0 Commentaire

INTERVIEW DE MICHELE MORGAN

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Michèle Morgan est née un 29 février. C’était il y a 92 ans.

Mercredi soir, la sublime actrice aux incomparables yeux bleus – « Avec ces yeux-là, vous devez voyager beaucoup et en embarquer plus d’un !« , lui aurait dit un jour Jean Gabin en répétition – était à double titre honorée par la mairie de Puteaux : pour son anniversaire et pour l’inauguration d’une exposition qui lui est consacrée. Car outre ces 92 années, Michèle Morgan, entourée des siens et plus particuliérement de sa petite-fille Sarah Marshall, célèbrait également 75 ans de cinéma. Du 1er au 20 mars, les salons de la mairie de Puteaux permettent de redécouvrir toutes les facettes du talent de l’interprète du Quai des Brumes : du cinéma au théâtre en passant par la peinture, une discipline à laquelle elle se consacre depuis qu’elle s’est retirée des plateaux de tournage.

En plus de ses proches – sa petite-fille accompagnée de sa mère Sylvie Elias et inséparable de son mentor Jean-Claude Jitrois ou encore Henri-Jean Servat -, Michèle Morgan comptait sur la présence de Frédéric Mitterrand. Le ministre de la Culture et de la Communication, cinéphile averti, ancien exploitant de salle et cinéaste, a rendu hommage à l’actrice.

« Être une légende vivante, je m’en fous ! J’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire et c’est formidable« , déclarait Michèle Morgan il y a un an. Et c’est toujours vrai.

En plus de cette exposition, la salle de Puteaux Le Central propose trois avant-premières ce mois-ci du film de Marcel Carné Le Quai des brumes. Cette version restaurée n’est attendue qu’en septembre dans les salles.

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Au cours Simon, elle repère un beau garçon qui lui confie : « Je rêve d’avoir une Michèle dans ma vie. » À son romantisme s’ajoute le réflexe d’une actrice tentée par une carrière hollywoodienne : elle passe devant la banque américaine Morgan, qui lui inspire son nom.

Version française de la star hollywoodienne, fascinante en femme perdue ou en vamp glacée, l’artiste peint depuis une cinquantaine d’années. Aujourd’hui, sa sixième exposition présente une rétrospective* de ses tableaux, collages et autres techniques mixtes. « J’ai peint des fleurs, ça a contribué à mon image très romantique… Comme quoi, notre peinture ne nous ressemble pas toujours ! » Très colorées, ses dernières toiles sont de plus en plus abstraites. « Je peins ce qui me plaît, ce qui me passe par la tête. » Loin des tendances.

 

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NAISSANCE. Simone Roussel naît le 29 février 1920, à Neuilly-sur-Seine (92).

PREMIER SOUVENIR. « Je devais avoir 1 an. » Dans les bras de son père, Louis, rue de l’Église à Neuilly, elle est fascinée par le calendrier accroché au mur. Il l’appelle son « premier bébé ».

ASTRE. Alors qu’elle a 3 ans, un collègue de travail de son père, Marcel Schultz, astrologue amateur, lui dresse son thème. Il lui prédit la célébrité dans le monde.

ÉCOLE. L’enfant aime les récitations, le français, mais n’essaie même pas d’approcher les mathématiques. Elle annonce « De toute façon, je veux être artiste ! » et demande à sa grand-mère de prendre la place de l’école et de lui donner des cours. Elle se souvient d’avoir joué un vieux monsieur avec une moustache blanche lors d’une fête de fin d’année.

DIEPPE. Son père, chef de service dans une maison de parfum d’exportation, est au chômage après la crise de 1929. « Sur les conseils de son frère, il a l’idée baroque de reprendre un fonds de commerce d’alimentation en Normandie… Très vite réduit en poussière ».

FUGUE. À 14 ans, elle fuit l’épicerie familiale de Dieppe pour venir à Paris. « J’avais rencontré des gens qui m’avaient emmenée, avec mon petit frère, Paul, mon complice, de trois ans mon cadet, que j’avais embarqué pour me protéger ! Je n’avais pas prévenu mon père, mais nous lui avons envoyé un télégramme pour l’avertir de notre bonne arrivée chez nos grands-parents. Ça a tout de même bardé ! »

MYTHE. « Garbo était mon idéal, sa voix, son physique me fascinaient. Je voulais être comme elle. » Elle demande à sa mère, Georgette, de lui coudre un ensemble, une veste longue, une jupe sous le genou et une chéchia. Que toute la famille trouve ridicule…

DESTIN. À 17 ans, elle s’inscrit au cours René Simon. Dans le métro, en chemin, elle rencontre l’astrologue et lui demande : « Je me rends au cours d’art dramatique, pouvez-vous regarder dans combien de temps la chance va m’échoir ? » Quelques jours plus tard, il l’appelle : « Dans à peu près six mois. » Elle ne croit pas à l’astrologie mais au sixième sens, oui.

RAIMU. Repérée par Marc Allégret, elle décroche son premier vrai rôle en 1937 – une jeune migrante russe qui a tué son amant violent – dans Gribouille, au côté de Raimu (qui interprète un juré). Très protecteur avec la jeune comédienne, il a un magasin de cycles. Un des employés fait du rentre-dedans à Michèle, qui l’envoie promener. L’homme lui inflige un sérieux coup sur la tête avec une statuette. Un film dans le film pour une femme fatale qui s’ignore !

GABIN. Après l’avoir remarquée dans Gribouille, il conseille à Marcel Carné de lui faire passer un test pour Quai des Brumes. Après l’essai, il lui lance : « Avec ces yeux-là, vous devez voyager beaucoup et en embarquer pas mal ! »

MEXIQUE. Pour Les Orgueilleux (1953), elle tourne dans le désert. Quand Gérard Philipe ne joue pas, il en profite pour visiter le pays en compagnie de sa femme, Anne. Tandis que Michèle est chaperonnée par Micheline, l’habilleuse.

COURS. En 1943, enceinte de son fils Mike Marshall, elle ne tourne pas et suit les cours de l’Académie de peinture de Los Angeles. Ils travaillent souvent en extérieurs, à Santa Monica, mais les vues ne lui plaisent pas toujours. Elle peint donc une maison normande dans un paysage californien. De cette période, elle n’a rapporté qu’un autoportrait. Sur les collines d’Hollywood, elle fait construire une maison dans le style « early american » par un architecte suédois. La vend à un médecin. Des années plus tard, Roman Polanski l’habitera avec sa femme Sharon Tate. Elle y sera assassinée en 1969 par la bande de Manson.

DESTIN. Dans les années quatre-vingt, lors d’un dîner mondain, son compagnon Gérard Oury est assis à côté d’une dame d’une famille d’industriels français. « Vous savez, j’ai un portrait de Michèle Morgan par Kisling. Et je vous le donne », lui dit-elle. Gérard offre à son tour à Michèle le tableau qu’elle n’avait pas acheté à l’époque. Il est toujours sur ses murs. La mère de Gérard Oury, Marcelle, très proche de Raoul Dufy, l’a toujours encouragée dans la peinture.

 

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