13 avril 2015 ~ 0 Commentaire

LE MAITRE DES ILLUSIONS

EXTRAIT DU LIVRE :

movie13_screenshot_2Donna Tartt, c’est l’histoire miraculeuse d’un petit bout de femme qui, à 20 ans, en 1983, quitte son Mississippi natal et débarque sur un campus du Vermont, où elle s’attaque illico à son premier roman. Objectif: s’éloigner des sentiers battus, en dépassant si possible les 800 pages… Au bout de dix ans de travail, l’énorme manuscrit atterrit entre les mains d’un agent, qui fait aussitôt monter les enchères, avant qu’un éditeur new-yorkais – Alfred Knopf – ne le publie contre un chèque de 450 000 dollars! On connaît la suite: le roman en question, Le Maître des illusions (traduit en 1993, chez Plon), est devenu un best-seller. L’histoire? Joliment décalée et très hitchcockienne: en mêlant suspense et érudition, Donna Tartt raconte comment six étudiants en lettres classiques – ils parlent grec couramment et ne jurent que par Aristote – vont finir aux Enfers après avoir organisé, en l’honneur du vieux Dionysos, une bacchanale qui tourne très mal.

Coup d’essai, coup de maître. Et puis, plus rien. Dix ans de silence. La sirène du Mississippi s’était-elle endormie sur ses lauriers? Non, la voilà qui resurgit des eaux avec un second roman tout aussi copieux, tout aussi éblouissant, Le Petit Copain. Une fresque à la Faulkner, 600 pages ciselées par une dentellière qui s’abreuve aux sources brûlantes de son Deep South natal. Chaleur et poussière, bruit et fureur, tout y est, dans les méandres d’une écriture somnambulique, presque hypnotique. Avec des coeurs chauffés à blanc par le chagrin et cette torpeur sudiste dont Donna Tartt réveille tous les sortilèges.

«Les méandres d’une écriture somnambulique, presque hypnotique» Nous sommes à Alexandria, modeste bourgade arc-boutée aux champs de coton du Mississippi. Le jour de la Fête des mères, chez les Cleve, alors qu’un gospel grésille sur le transistor de la cuisine, le petit Robin disparaît. On l’appelle, on le cherche. Et c’est l’horreur: on le retrouve mort, pendu à un arbre du jardin familial. Un crime? Sans doute. L’assassin? Mystère. Depuis ce jour maudit, les Cleve sont devenus des ombres. La mère reste confinée dans sa chambre. Le père s’enfuit du côté de Nashville. Et les années passent.

Un plongeon dans des eaux très troubles. C’est alors que la jeune Harriet, la soeur de Robin, entre en scène. A l’époque du drame, elle n’avait que quelques mois. Elle a grandi, elle a maintenant 12 ans. C’est une vraie sauvageonne, une délurée «bâtie comme un petit blaireau», avec ses cheveux au carré et cette divine insolence qui la fait ressembler aux ados légendaires des romans de Mark Twain. Bien sûr, Harriet n’a qu’une idée en tête: retrouver l’assassin de son frère. Elle enquête, fouille les archives, fouine dans tous les coins, harcèle ses proches pour découvrir quelques indices. Sa soeur aînée. Sa grand-mère, la Walkyrie sudiste. Ses vieilles tantes, si drôles, si fantasques, qui semblent sortir d’une comédie à l’anglaise.

Vaudeville, tragédie, thriller, Donna Tartt mêle tous ces registres au fil d’un suspense qui va crescendo. Et qui finit par plonger dans des eaux très troubles, où croupit une famille de désaxés. Il y a Curtis, le garçon débile, Eugene, le prédicateur dément au visage balafré, Farish, l’ex-taulard qui fabrique des amphétamines dans sa caravane, et ce ravagé de Danny, que Harriet soupçonne d’avoir tué le petit Robin. Il faut donc qu’il paie, coûte que coûte, et l’adolescente ne le lâchera plus. La romancière fait monter la pression en accumulant scènes intimistes et séquences chocs, dans des décors où rôdent les crotales et les enfants perdus. Jusqu’à ce final d’anthologie, dans les entrailles putrides d’un gigantesque château d’eau… Dix ans après Le Maître des illusions, ce Petit Copain prouve que Donna Tartt est bien une grande dame de la littérature américaine. Et que ça valait la peine d’attendre.

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